Trouble spécifique du développement moteur dont la caractéristique principale est une altération de la coordination motrice (difficulté à organiser un geste adapté à un objectif). Elle est rarement isolée, plus souvent associée à des troubles spécifiques du langage ou du calcul. Une des caractéristiques révélatrice de dyspraxie est la présence, à côté du défaut de coordination du geste, d’un défaut dans la perception et la production de figures géométriques, en particulier en trois dimensions, appelée dyspraxie visuo-spatiale. Les enfants sont également souvent en difficultés avec les notions temporelles, comme la succession de jours de la semaine, des mois de l’année, et très fréquemment, une difficulté à lire l’heure sur un cadran.
La dyspraxie et le trouble de la coordination du développement (TDC) sont-ils la même chose ?
Le trouble de la coordination du développement (TDC), également connu sous le nom de dyspraxie, est, selon la classification internationale des maladies (CIM-11) un trouble courant affectant la coordination motrice fine et/ou globale chez les enfants et les adultes. La définition utilisée par Neurodys-PACA rajoute à la description de la CIM-11 les nombreuses difficultés non motrices qui peuvent également être rencontrées par les personnes atteintes de la maladie et qui peuvent avoir un impact significatif sur les activités de la vie quotidienne. Celles-ci incluent la mémoire, la perception et le traitement ainsi que des problèmes supplémentaires avec la planification, l’organisation et l’exécution séquentielle des mouvements dans des situations quotidiennes. La dyspraxie peut également affecter l’articulation de la parole : on parle alors "d’apraxie de la parole". Quand les mouvements des organes oro-phonatoires sont altérés en dehors de la parole elle-même, on parlera plutôt de dyspraxie bucco-faciale.
Quelqu’un peut-il recevoir un diagnostic de « dyspraxie » s’il n’a pas de difficultés motrices ?
Le terme « dyspraxie » est utilisé de différentes manières par différentes personnes et il n’existe pas de définition formelle convenue au niveau international pour ce terme. Dans beaucoup de pays européens, cependant, le terme « dyspraxie » est souvent utilisé pour désigner le TDC. Si tel est le cas, alors un diagnostic de « TDC » doit être posé et ce uniquement si l’individu éprouve actuellement des difficultés avec la motricité quotidienne (puisque c’est la caractéristique principale du TDC). A NeurodysPACA, comme beaucoup de collègues francophones, nous favorisons une vision plus large de la dyspraxie qui inclut des enfants (et des adolescents) n’ayant jamais eu la moindre difficulté de coordination motrice, en particulier nous individualisons une forme dite "dyspraxie visuo-spatiale" où prédominent des difficultés dans la représentation de l’espace et les capacités à percevoir et reproduire des figures géométriques.
A quel âge pose-t-on le diagnostic de dyspraxie ?
Il n’est pas recommandé de poser un diagnostic formel de Dyspraxie/TDC avant l’âge de 5 ans. Cela en raison des grandes variations existantes dans le développement normal des enfants avant cet âge et aussi des variations dans les opportunités qu’ont les enfants d’expérimenter la motricité. Cependant, cela ne signifie pas qu’un enfant qui semble avoir un retard dans ses habiletés motrices avant l’âge de 5 ans ne doit pas être surveillé de près voire même qu’il soit pris en charge. En particulier, une prise en charge en psychomotricité, outre le fait qu’elle pourra mesurer précisément l’écart des performances de l’enfant par rapport à ce qui est attendu pour son âge, pourra contribuer à rassurer l’enfant et sa famille et à préparer au mieux l’entrée dans les apprentissages ultérieurs.
Que peuvent faire les parents pour aider dans les premières années ?
Une fois que l’enfant a été reconnu comme ayant des difficultés motrices, ses parents sont dans une position unique pour soutenir les besoins de l’enfant. Premièrement, les parents peuvent offrir à leur enfant une exposition et des expériences d’activités auxquelles on s’attendrait au cours de la vie quotidienne, de manière brève mais en continu plutôt que des sessions formelles plus longues et peu fréquentes. Une aide et des conseils pour les parents peuvent être obtenus auprès de diverses associations comme "dyspraxie-France Dys" ou "dyspraxique mais fantastique" et des services de santé et d’éducation. Cependant, l’intervention à visée thérapeutique, réalisée par un professionnel spécialisé, et associé à la mise en place concertée de mesures d’aménagements scolaires s’impose dans la majorité des cas où le diagnostic a été posé.
Mon enfant peut-il être à la fois autiste et dyspraxique ?
Bien que la dyspraxie puisse survenir de manière isolée, elle coexiste fréquemment avec d’autres conditions telles que le syndrome d’Asperger, le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), la dyslexie, les troubles du langage et les troubles sociaux, émotionnels et comportementaux.
Le terme autisme est utilisé pour décrire les personnes qui ont des difficultés marquées avec les relations sociales, la communication sociale/les compétences linguistiques et l’imagination. Ces difficultés s’accompagnent souvent de schémas répétitifs de comportement et d’intérêts. Les enfants Asperger sont à l’extrémité la plus apte du spectre de l’autisme (par exemple ils peuvent tout-à-fait prétendre à une scolarité quasi-normale) mais ont des difficultés avec les aspects non verbaux de la communication sociale tels que les gestes et l’expression faciale. Ils ont également des difficultés à adapter leur langage et leur comportement à différentes situations sociales. Des difficultés de coordination motrice sont souvent observées chez les enfants Asperger. La question est souvent de déterminer laquelle des deux pathologies est celle qui possède le plus fort impact sur la vie personnelle, familiale, sociale, et scolaire de l’enfant, le trouble social ou le trouble de la coordination, car de là vont dépendre les priorités en termes de thérapeutique et d’accompagnement.
La dyspraxie est-elle familiale ?
Aucun « gène dyspraxique » n’a été identifié. Cependant, de nombreux parents d’enfants dyspraxiques peuvent rapporter un autre membre de la famille ayant des difficultés similaires : comme la dyspraxie est plus fréquente chez les garçons que chez les filles, il peut s’agir d’un père, d’un grand-père, d’un oncle ou d’un cousin. Parfois, au cours d’une évaluation, les pères se rendent compte qu’ils ont éprouvé des difficultés similaires dans leur enfance. Ils doivent alors repenser leurs propres expériences de vie tout en soutenant leur enfant et leur partenaire. Lors d’une étude systématique de ce sujet de l’hérédité dans la dyspraxie, des antécédents familiaux de dyspraxie ou de difficultés de coordination ont été signalés chez 32% des sujets dyspraxiques étudiés.
Des problèmes de fonction exécutive sont-ils observés chez les personnes atteintes de dyspraxie/TDC ?
Les fonctions exécutives sont un terme général qui fait référence à la planification, à la mémoire de travail, au contrôle des impulsions, à l’inhibition et à la flexibilité mentale, ainsi qu’à l’initiation et au suivi de l’action. Les parents, les enseignants et les personnes atteintes de dyspraxie/TDC signalent parfois des difficultés avec le fonctionnement exécutif (y compris une mauvaise planification, une mauvaise mémoire des instructions et des informations de séquençage). Une partie parfois conséquente des difficultés que vivent au quotidien les enfants et adolescents dyspraxiques sont attribuable à la présence de ces symptômes associés qui réalisent même parfois la majeure part du handicap. Leur prise en charge fait appel à des professionnels spécialisés comme les neuropsychologues ou les psycho-pédagogues.
Je suis un adulte souffrant de dyspraxie ou je pense que je peux avoir une dyspraxie. A qui mon médecin généraliste peut-il m’adresser pour une évaluation ?
De nombreux médecins généralistes ne connaissent pas la dyspraxie. Il est donc important de vous procurer des informations par vous-même. Prenez une liste de symptômes rapportés par des dyspraxiques avérés et notez les symptômes de la dyspraxie qui s’appliquent à vous. Le médecin envisagera probablement avec vous de vous adresser soit chez un ergothérapeute, soit chez un psychomotricien, en sachant que ce dernier est plus souvent sollicité pour des enfants que pour des adultes. Dans certains cas, un orthophoniste, un orthoptiste ou un kinésithérapeute peuvent également être sollicités. Cependant, le médecin généraliste discutera également des raisons pour lesquelles une évaluation est appropriée. Habituellement, cela n’est nécessaire que si vous avez atteint un « plafond de verre » et que votre dyspraxie vous empêche de vivre votre vie comme vous le souhaitez.