Parmi les mystères du cerveau humain, il en est un qui a longtemps hanté les scientifiques, les enseignants et les philosophes : comment, et pourquoi, l’évolution a-t-elle doté notre cerveau d’aptitudes musicales ? Et pourquoi lui a-t-elle également donné cette tendance, tout aussi singulière, d’utiliser le rythme et la mélodie pour échanger avec autrui, que ce soit la maman avec son bébé, le danseur avec sa partenaire, le prêtre avec ses ouailles, le militaire dans un défilé, l’orchestre avec son auditoire ou encore les participants à une rave-party ?
Les progrès des neurosciences ont apporté quelques éléments de réponses à ces questions séculaires en montrant, de manière de plus en plus précise, que notre cerveau est en réalité un organe éminemment musical, qui abrite en son sein des milliers de résonateurs, véritables boîtes à rythme animées en permanence, et dont les connexions permettent à leurs contenus de voyager entre les différentes parties de notre cerveau. C’est en se synchronisant avec cette activité des réseaux neuronaux que la parole et la musique prennent tout leur sens ; c’est aussi grâce à cette synchronisation que nous communiquons avec autrui, transformant notre cerveau en un organe fondamentalement social. C’est enfin en agissant sur cette même activité rythmique que la pratique musicale est capable de soigner différentes pannes ou dysfonctionnements du cerveau, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse.
À la lumière de son expérience de neurologue et de musicien, Michel Habib nous guide, avec aisance et précision, à travers le chemin fascinant d’une littérature scientifique en pleine expansion pour terminer sur une interrogation entêtante : et si, loin d’être un caprice de l’évolution, la musique était en voie de devenir, par son action structurante sur le cerveau humain, l’un des piliers de la société de demain ?