Les troubles spécifiques des apprentissages, plus généralement appelés en France "troubles dys", concernent autour de 10% des enfants scolarisés, dont au moins un tiers nécessite, par la sévérité du trouble et par l’association de plusieurs difficultés cognitives, une prise en charge pluridisciplinaire incluant au minimum l’orthophoniste, le psychomotricien et/ou ergothérapeute, le neuropsychologue et un médecin apte à faire la synthèse des différents bilans et à suivre l’évolution de l’enfant.
Résodys, au cours de ces 15 dernières années, a acquis une expertise régionale dans la coordination et la formation de ces professionnels et ses praticiens ont développé une bonne connaissance des différentes réponses à apporter aux multiples profils de troubles dys. Ainsi, ils constatent unanimement que malgré tous les progrès réalisés dans la structuration des réponses comme dans la diffusion des connaissances, ces enfants restent souvent en grande souffrance, à la fois de par les efforts considérables qui leur sont demandés, le peu de reconnaissance de ces efforts, et surtout l’inadéquation de la structure scolaire ordinaire à leur façon d’apprendre, de raisonner, voire même de concevoir le monde qui les entoure. Ils ont également acquis la conviction de mieux en mieux documentée que la réussite de leur prise en charge passe inévitablement par l’établissement d’un lien solide et réciproque entre l’équipe soignante et l’équipe pédagogique.
Actuellement, dans les Bouches-du-Rhône, il n’existe qu’une équipe spécialisée de droit commun, le SESSAD Résodys, qui s’adresse à des enfants porteur d’un handicap jugé suffisamment lourd pour justifier une notification par la Maison du Handicap, en général à la fois au SESSAD et à l’une des classes dites "ULIS" (primaire, collège ou lycée), où un enseignant spécialisé gère une classe à effectif réduit dont le fonctionnement permet précisément ce lien entre soignants et enseignants. Toutefois, le nombre de places étant limité, ce ne sont que les enfants les plus sévèrement touchés qui peuvent en bénéficier, de sorte que la plupart des autres, relevant pourtant, eux aussi, d’une approche multidisciplinaire, devront être totalement gérés par leur famille, qui doit assurer tous les rendez vous hebdomadaires (en général 3 ou 4) auprès des professionnels et faire le lien entre ces professionnels et l’enseignant. En outre, la plupart de ces enfants sont scolarisés dans des classes ordinaires, parfois mais non toujours, avec l’aide d’une Auxiliaire de Vie Scolaire (AVS), et l’enseignant, malgré les efforts de formation qui ont été réalisés ces dernières années, tant dans l’enseignement public que privé, reste insuffisamment formé sur les particularités de ces enfants et ce qu’elles impliquent du point de vue pédagogique.
Cette situation, qui n’a pas tendance à s’améliorer, en raison de l’augmentation, parallèlement, des besoins et des demandes, aboutit inévitablement à creuser les écarts entre les différentes couches de la société, les plus défavorisés renonçant à faire les démarches nécessaires et même à demander les aides auxquelles ils ont droit.
En outre, et ce fut l’argument décisif dans la décision de lancer le projet, vingt années d’expérience de consultations hospitalières d’enfants dys et surtout de rencontres avec leurs familles, nous ont convaincus de la nécessité de s’attaquer à une constante réellement préjudiciable à la réussite scolaire de ces enfants : le mal-être scolaire, en général provoqué par un sentiment douloureux de différence et d’incompréhension, accentué par la confrontation au regard des pairs et des maîtres souvent facteur important d’ aggravation de la situation d’échec.
Principes généraux
En janvier 2016, face à cette situation, Résodys, en partenariat avec l’école du Sacré Cœur, a pris l’initiative de créer un dispositif scolaire expérimental qui repose sur les principes suivants :
- inclure des enfants dys de sévérité moyenne mais nécessitant une prise en charge multidisciplinaire
- viser prioritairement à optimiser les liens entre l’équipe médicale et les enseignants en charge de la réflexion pédagogique, en particulier en organisant une véritable collaboration entre tous les partenaires, depuis l’inclusion de l’enfant dans la structure jusqu’à la décision d’orientation ultérieure voire même le suivi après la fin de son séjour
- sélectionner au départ les enfants à la fois sur leur besoin, défini par des bilans précis réalisés par l’équipe, mais aussi le bénéfice attendu, d’une intégration étroite entre la partie rééducative et la partie pédagogique de leur prise en charge.
- mettre au centre des objectifs de la structure le bien être de l’enfant, et ce grâce à une réflexion prioritaire sur les aspects psycho-affectifs du trouble, la fameuse spirale de l’échec qui fait que la partie "récompensante" de l’apprentissage, principal moteur de la motivation à apprendre, et qui fait si cruellement défaut à ces enfants, puisse être rétablie autant que faire se peut, grâce à une réflexion individualisée non seulement sur l’adaptation des programmes et l’étalement éventuel de leurs acquisitions, mais aussi sur la mobilisation efficace optimisée de leurs capacités cognitives, en particulier attentionnelles, telles qu’elles auront été analysées par des bilans spécialisés utilisant les outils les plus modernes et adaptés.
Des moyens thérapeutiques novateurs
L’une des originalités de la structure est la place inédite qu’y occupent les activités musicales. A travers l’élaboration, au cours des dernières années, du concept Musadys®, autour de l’enseignement de la musique aux enfants dys, Résodys/Neurodys a développé des connaissances et des outils spécifiques rendant à présent opérationnelle une "thérapeutique cognitivo-musicale" qui possède la triple propriété d’un effet scientifique prouvé sur les troubles des enfants dyslexiques, d’un apport culturel spécifique à travers la maîtrise d’un instrument de musique et des bienfaits spécifiques d’une activité artistique de groupe. Ainsi, l’activité musicale intensive est un des axes majeurs de la réflexion tant organisationnelle que rééducative, au même titre que l’utilisation d’autres outils tels que la rééducation par des logiciels informatiques ou les techniques de neurofeedback.
Le bilan au bout de 3 années
Durant les deux premières années :
Résodys
Finance l’achat de matériels et de mobiliers
Propose à l’ensemble des enseignants de l’école de Sacré cœur, une formation par trimestre consacrée aux troubles des apprentissages
Intègre des suivis rééducatifs pendant le temps scolaire
Intègre l’enseignement musical « Melodys » considéré comme un « outil éducatif »
Forme le professeur de musique du Collège, Yannick Moreau, à la méthode Mélodys durant deux jours
Finance les interventions de Yannick Moreau auprès des enfants de la classe Dys, à hauteur de 2 heures par semaine
Réalise des bilans et met en œuvre des remédiations
Le Sacré Cœur :
Fournit la salle de classe
Permet l’intervention du professeur de musique
Scolarise des enfants présentant une souffrance psycho-affective au sein de la classe afin de leur proposer un espace d’apaisement
œuvre à faire mieux connaître à l’ensemble des enseignants et des élèves de l’école la condition et les raisons de la dyslexie et autres troubles d’apprentissage
A cours de la troisième année, une évaluation est réalisée pour décider de la poursuite du projet, avec un double constat :
-* Des points positifs :
– satisfaction unanime des familles
– une évaluation formelle du bien-être scolaire [1] démontrant sans contestation possible l’efficacité de la structure de ce point de vue
– une autonomisation de la structure scolaire concernant la place de la classe au sein de l’établissement, l’image des enfants de la classe auprès des autres élèves par le bien d’une inclusion réussie,
– une pérennisation de la fonction de Yannick Moreau dans sa classe musicale devenue une composante à part entière de l’école.
-* Des points à améliorer :
– La classe Dys a progressivement dérivé depuis un dispositif spécialisé privilégiant l’interface soins/école vers un lieu de répit pour les élèves en souffrance psycho-affective
‐ L’orientation ne se fait pas toujours sur la base de bilans précis
‐ Le partenariat Résodys/Sacré Cœur se desserre, Résodys n’intervenant plus dans la classe en raison de l’augmentation considérable par ailleurs de la charge de travail des professionnels du SESSAD. Seule la notification par la MDPH au SESSAD d’un ou plusieurs enfants de la classe justifie la présence de l’équipe sur place, permettant de faire profiter de sa présence les autres enfants, et encore de manière nécessairement restreinte (ateliers d’estime de soi, notamment).
Le 11 janvier 2021 a donc lieu, dans les locaux de la DDEC, sous l’égide de Nathalie Frenoy, responsable du pôle école inclusive à la Direction Diocésaine, et en présence de M. Frédéric Azaïs, Inspecteur de l’Education nationale responsable de l’enseignement privé sous contrat, une réunion destinée à faire le point et de définir les orientations ultérieure du projet.
Il est d’abord pris acte du fait que les objectifs initiaux avaient été suffisamment atteints pour faire passer la classe du statut de dispositif expérimental à celui d’un dispositif pérenne, en particulier concernant la désignation par l’E.N. d’une enseignante titulaire du poste. Il est également pris acte des difficultés rencontrées, difficultés vis-à-vis des quelles il est décidé de mettre en oeuvre un certain nombre de réajustements, en particulier concenrnant les critères d’admission et l’intervention des professionnels de Résodys/Neurodys, qui pourrait se faire soit par le biais du SESSAD, pour les élèves notifiés par la MDPH, soit par le biais de l’inclusion dans les unités de bilans du réseau, pour les élèves nécessitant des bilans supplémentaires. Il est décidé également que tous les élèves rencontreraient en début d’année scolaire soit un des médecins du réseau, soit le Dr Baissière ou le Dr Habib.
Et pour la suite...
A terme, le dispositif devrait servir de modèle pour les autres institutions de l’enseignement public et privé.
Résodys aura à cœur d’assurer à chaque enfant une orientation adéquate à la sortie de la structure, et un suivi médical si nécessaire.
[1] voir fichier joint